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Colloque

Désactiver les protocoles

Le colloque Désactiver les protocoles se tient au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg (MAMCS) les 21 et 22 mai, en conclusion de l’exposition Mode d’emploi. Suivre les instructions de l’artiste. 

À partir des années 1950, partitions graphiques, instructions et autres modes d’emploi se propagent dans les pratiques artistiques, mettant en crise l’écriture solfégique dans les musiques expérimentales, inventoriant les gestes du quotidien dans la danse postmoderne, ou accompagnant le linguistic turn dans les arts visuels. La forme du protocole participe par ailleurs des liens entre performance et mouvements politiques, à l’instar de la place qu’elle occupe dans les actions directes d’Act Up à la fin des années 1980. En tant qu’objet transversal à nombre de pratiques, la partition et ses formes afférentes du protocole et du script peuvent apparaître rétrospectivement comme le médium paradigmatique du décloisonnement des disciplines et de l’effrangement des arts, compris comme préalables à un renouement des liens entre l’art et la vie.

Depuis la fin des années 1990, ce phénomène influence une transformation des pratiques institutionnelles dans le champ de l’art contemporain : les musées, les collections et les différents fonds acquièrent des œuvres protocolaires et se dotent de moyens pour les conserver. Les institutions se voient poussées à concevoir des méthodes de conservation appropriées pour ces œuvres, dont la pérennité réside dans la possibilité d’être réactivées.

Le colloque Désactiver les protocoles souhaite problématiser les rapports que l’activation d’une œuvre inaugure dans l’expérience esthétique et les processus de création, en particulier au regard de l’interprétation et de l’appropriation individuelle et collective susceptibles d’y poindre. Il s’intéresse aux possibles et aux promesses de ces objets, dans l’exploration et la remise en cause de logiques culturelles, économiques et comportementales normatives. Depuis l’ambition inclusive des musiques expérimentales post-cagiennes, jusqu’aux usages militants du protocole, il s’agit d’étudier et d’expérimenter les potentialités critiques des protocoles d’artistes concernant les processus de subjectivation à l’œuvre dans la médiation d’une action, le statut de l’auctorialité dans les pratiques artistiques collaboratives, ou encore les ressorts de l’action collective.

Ces deux journées se proposent plus spécifiquement d’interroger les rapports que les œuvres dites à protocoles entretiennent avec le concept d’action, qu’elle soit individuelle ou collective. Si une partition ou un protocole d’artiste semble impliquer une activation pour se réaliser, quelle problématisation de l’agir et de la mise en œuvre elle-même est-il susceptible de proposer ? Et plus largement, en quoi cette activation peut-elle renouveler nos rapports quotidiens au faire et au geste ? Pour autant, ces propositions artistiques sont elles-mêmes prises dans des opérations, symboliques, institutionnelles, économiques et politiques, qui les contraignent et complexifient leur puissance d’agir. Il s’agit ici de considérer le potentiel de désactivation des protocoles d’artistes, mais aussi, en retour, la fragilité de la forme protocolaire et son propre risque de désactivation.

Le colloque s’articule autour de trois panels thématiques : l’écriture des protocoles ; les protocoles d’artistes et la désactivation des habitus ; l’institutionnalisation des pratiques protocolaires.

Adoptant une forme réflexive, ce colloque est lui-même protocolaire, mêlant interventions d’artistes et de théoricien·nes, conférences, discussions, projections et performances.

Organisation et comité scientifique : Franck Apertet (université Paris 8), Clélia Barbut (université Paris 8), Philippe Bettinelli (Centre Pompidou), Barbara Formis (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Simon Labbé (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Anna Millers (Mucem), Matthieu Saladin (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Christophe Viart (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

Création graphique : Achim Reichert

Ce colloque bénéficie du soutien de l’EUR ArTeC, de l’université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, de l’UR AIAC, de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et de l’Institut ACTE. Il s’inscrit dans le cadre du programme de recherche Awaiting Scores, porté par Franck Apertet, Clélia Barbut et Matthieu Saladin. 

Désactiver les protocoles 21 - 25 mai 2025 colloque Strasbourg

Consulter le programme : 

Programme_colloque.pdf
(PDF, 58 Ko)