Histoire de l'Institut ACTE

L’Institut ACTE est l’héritier de l’Institut d’Esthétique et des Sciences de l’Art (IESA) qui voit officiellement le jour en 1960 sur l’initiative du professeur Étienne Souriau. L’IESA entend conjuguer l’emploi des méthodes traditionnelles de l’esthétique philosophique, historique et critique, avec l’utilisation des techniques expérimentales les plus avancées.

Les chercheurs de l’Institut se regroupent alors en deux équipes :

- d’une part, les chercheurs de l’équipe d’esthétique générale du CNRS, constituée comme groupe de recherche le 6 février 1968 : le « GR 10 », placé sous la double responsabilité d’Etienne Souriau et de Liliane Brion-Guerry, directrice de recherche au CNRS. L’équipe acquiert son renom dès 1969 avec la préparation de l’ouvrage collectif l’année 1913. Les formes esthétiques dans les différents arts à la veille du premier conflit mondial (trois volumes parus entre 1971 et 1973) et travaille en parallèle, dans les années 1970-71, sur le concept de « poïétique », comme cadre d’étude de la création des différents arts. L’originalité de ce groupe tient notamment à la diversité des chercheurs qui le composent : spécialistes de la littérature, de la musique, de la peinture, de la poésie, qui confrontent leur savoir, leurs problèmes et leurs expériences personnelles – souvent celles de créateurs – afin d’opérer les synthèses possibles entre des domaines des arts techniquement différents et d’en tirer les leçons sur le plan de l’esthétique philosophique.

- d’autre part, le laboratoire de psychologie de la culture – esthétique expérimentale (équipe de recherche associée 191) – rattaché à l’UER des sciences psychologiques et sciences de l’éducation de l’Université Paris X. L’équipe est alors dirigée par Robert Francès, professeur à l’Université de Nanterre. Depuis sa création, en janvier 1969, l’équipe de recherche associée 191 a entrepris une série de recherches consacrées aux relations comportementales de l’homme et de sa culture, selon trois axes : comportements d’orientation vers les objets culturels (essentiellement artistiques) ; appréciation, choix, préférences analysés à partir de tels objets, avec parfois recours à des expériences de laboratoire ; processus d’acquisition de comportements culturels (comme l’enseignement programmé de la musique). Les domaines de la musique et de l’environnement culturel, naturel ou urbain, sont au cœur des études.

Dans le courant des années 1970, l’IESA rejoint le Centre Saint-Charles de l’Université de Paris 1, dans le 15e arrondissement. René Passeron, directeur de recherche au CNRS, est élu à sa tête en 1975, et devient également directeur du GR 10, après le décès d’Étienne Souriau. Sous sa responsabilité, l’organisation de l’Institut reste inchangée, avec d’une part le GR 10, constitué de trois équipes (« recherches poïétiques » dir. René Passeron, « textes théoriques », dir. Liliane Brion-Guerry, « vocabulaire d’esthétique », dir. N. Blumenkranz) ; et, d’autre part, le laboratoire de psychologie de la culture – esthétique expérimentale, dirigé par Robert Francès, dont les chercheurs sont rattachés à la section 26 du CNRS. Une rupture survient au sein du GR 10 au cours des années 1979-1985, qui conduit finalement à sa dislocation.

Dès 1979, René Passeron remarque que l’apport d’Étienne Souriau à l’esthétique est en train de se diviser en deux axes : « d’une part une étude scientifique, et souvent expérimentale des phénomènes psychologiques de sensorialité et de sensibilité, d’autre part, une étude anthropologique et une réflexion axiologique sur les conduites créatrices ». En 1981, le GR 10se scinde en deux équipes : une équipe « Poïétique et philosophie de l’art » et une équipe « Arts et langage » qui rejoint l’École des Hautes Études et Sociales (EHESS) pour y fonder le Centre de Recherche Arts Littérature (CRAL).

En 1983, Bernard Teyssèdre, philosophe et fondateur de l’UFR des Arts plastiques et Sciences de l’Art de l’Université Paris 1, reprend la direction de l’Institut d’Esthétique et Sciences de l’Art et la restructure en deux unités associées : l’UA 1087, Philosophie de l’art et de la création, dirigée par René Passeron, et l’UA 657, Laboratoire de psychologie de la culture, qui disparaît en 1986. Suite au départ à la retraite de René Passeron en 1986, l’UA 1087 est remplacée par l’Institut d’Esthétique des Arts Contemporains (IDEAC), une unité de recherche associée : URA 1426.

Au début des années 1990, l’IESA s’organise autour de l’URA, Institut d’Esthétique des Arts Contemporains (IDEAC),dirigée depuis 1992 par Costin Mireanu, ainsi que de quatre équipes : le « Centre de recherches en Psychologie de l’Art et de la Culture » (Paris X) dirigé par Michel Imberty, le « Centre de recherches expérimentale et informatique des arts visuels » (CNRS, Paris 1 et Paris 10) dirigé par François Molnar, le « Centre de recherches en Esthétique du Cinéma et des Arts audiovisuels » (Paris 1) dirigé par Dominique Noguez, puis par Anne-Marie Duguet et le « Centre interuniversitaire de recherches sur la musique » dirigé par Costin Miereanu. L’URA devient en 1998 une unité mixte de recherche en contrat avec le CNRS (UMR 8153) qui sera ensuite rebaptisée Institut d’Esthétique des Arts et Technologies (IDEAT), UMR 8153.

En janvier 2012, l'Institut d’Esthétique des Arts et Technologies fusionne avec le Centre d'études et de recherches en Arts Plastiques (CERAP, dirigé par Richard Conte) et le Laboratoire d’Esthétique Théorique et Appliquée (LETA,dirigé par Marc Jimenez) pour donner naissance à l’Institut ACTE (Arts Créations Théories Esthétiques).

Unité mixte de recherche (UMR 8218), entre 2012 et 2017, sous la direction de Richard Conte, l’Institut ACTE devient, à partir de 2018, une unité de recherche (EA 7539) de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, héritière de plus de soixante ans de recherches en arts et sciences de l’art...

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