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Journée d'étude

Traductions sensibles de théories du design

Théorie critique du design

Qu’en est-il de la réception des théories du design ? Même quand elles s’emploient à ne pas jargonner, ce type d’explications, les méthodologies utilisées ou les concepts convoqués semblent parfois arides ou, pire, rébarbatifs. Pour nous en tenir à deux exemples, l’élucidation des problèmes éthiques inhérents à cette pratique du projet, les éclaircissements relatifs à l’éparpillement scientifique des connaissances propres à ce domaine peinent à toucher les designers et toute personne intéressée par la manière dont le design et ses artefacts nous permettent d’habiter le monde. 

Dès lors, nous faisons l’hypothèse que ces théories — qu’elles soient « critiques », relatives à une méthode de projet, le design thinking, par exemple, visent la réparation de notre monde, tel le design care, etc. — gagneraient à être traduites de façon sensible. De même que l’anthropologie de Philippe Descola a essaimé grâce aux romans graphiques d’Alessandro Pignocchi, de même que la sociologie de Bruno Latour a gagné en audience en s’exprimant sous la forme de théâtre performance, avec la complicité de Frédérique Aït Touati, en retravaillant le format cartographique, à l’aide d’Alexandra Arènes et d’Axelle Grégoire, ou en se donnant sous la forme d’expositions au Zentrum für Kunst und Medien de Karlsruhe, les théories du design ne devraient-elles pas emprunter ces formats-là, ou d’autres, pour trouver leur public ? En requérant des médias artistiques divers — théâtre, exposition, nouvelle ou roman, roman graphique, musique ou enregistrements sonores… — des traductions sensibles de théories du design susciteraient l’émotion et l’imaginaire afin de faciliter la compréhension de leur propos. 

Cette hypothèse de travail s’inscrit dans notre séminaire dédié à une théorie critique du design. À ce titre, elle a donné lieu à quelques travaux requérant le fanzine, le théâtre de marionnettes, le non-manifeste collectif et dispose d’une définition opératoire qui est la suivante :

« La traduction sensible d’une théorie est un procédé par lequel on fait passer un contenu (un concept, une question, une explication, etc.) d’un registre de la langue à un autre registre de signes (typographiques, imagés, sonores…) afin non pas de condescendre à éclairer des esprits supposés faibles, à vulgariser, à illustrer ou à évoquer ce contenu, au risque d’induire en erreur, mais pour sensibiliser à un propos et susciter un jugement éclairé. Elle se caractérise par l’effet émotionnel qu’elle produit, son inclusivité et sa multimédialité ». 

La Journée d’étude des 15 et 16 mai 2025, dont la présente brochure livre le programme et le résumé des interventions, prolonge ce séminaire. Son objectif est moins d’exposer des résultats de recherche que de risquer un engagement spéculatif et prospectif à l’égard du design. C’est pour les mêmes raisons qu’elle vise comme un moment essentiel, le débat entre intervenants et public. Elle est ouverte aux étudiant.es en design, tout comme aux enseignant.es théoricien.nes et/ou praticien.nes de ce domaine, et aux designer.es. 

Organisation : Catherine Chomarat-Ruiz

Consulter le programme :