L’arte povera et l’objet
Claudio Zambianchi (Université de Rome La Sapienza)
Dans le cadre du Séminaire de recherche 2023-2024
Réparer l’histoire à partir du corps. Enjeux épistémologiques et politiques, dirigé par Chiara Palermo
En partenariat avec le Collège International de Philosophie, Paris.
Ce séminaire vise à étudier le corps, son rôle et sa contribution dans l’élaboration d’une théorie de l’histoire. Nous souhaitons par cette recherche confronter la réflexion à une exigence traversant notre époque : l’idée souvent exprimée de nos jours d’une « fin de l’histoire » désignant la fin d’une conception dynamique de l’histoire perçue comme une progression linéaire vers un futur meilleur que le passé. Ce récit disparaît au plus tard à la fin du XXe siècle, l’époque qui voit également la naissance institutionnelle des théories « postcoloniales ». (H. Rosa, J. Chapoutot : 2003) À partir de cette observation, notre projet interroge la possibilité de formuler aujourd’hui une philosophie de l’histoire par une approche phénoménologique qui étudie l’expressivité du « corps vécu ».
Notre objectif est d’envisager la corporéité comme le clivage d’une conscience individuelle et collective se manifestant dans nos catégories sociales et culturelles. Cela comporte la possibilité de penser le corps et ses implications dans la société. Le corps, étant exemplaire de la plasticité de nos valeurs, contribue à dépasser les limites de notre mémoire individuelle ou générationnelle à l’épreuve des changements qui traversent notre temps : crises migratoires, décroissance économique, urgence environnementale, accélération de nos changements sociaux.
Comment peut-on, à partir d’une phénoménologie du corps vécu, repenser notre expérience de l’histoire personnelle et collective ?
Prochaine séance:
Conférence de Claudio Zambianchi (Université de Rome La Sapienza)
L'Arte Povera et l'objet
Dans l’Arte Povera, la performance (c’est-à-dire une action qui se déroule dans un temps donné devant un public) est un moyen d’expression présent, mais pas prééminent ; la matérialité de l’œuvre reste importante, bien que la contingence de l’objet et de l’espace de l’art, tout comme la tendance de l’art à se dissoudre dans l’action, soient continuellement soulignées par les artistes et les interprètes de ce moment décisif de l’art italien. Dans notre recherche, il est question, dans un premier temps, de s’interroger sur la possibilité – en considérant les œuvres de l’Arte Povera en tant qu’objets matériels – de repérer les caractères liés à la temporalité de l’expérience corporelle, et donc non reproductibles, inhérents à « l’ontologie de la performance ». Il conviendra ensuite de s’intéresser aux conditions de possibilité d’une telle utilisation de l’espace et des objets dans l’art italien, en partant du postulat qu’elles devraient être identifiées principalement dans les valeurs processuelles des œuvres plus que dans leurs valeurs esthétiques. Cette réflexion s’appuiera sur quelques exemples spécifiques d’interaction entre l’espace, le temps et l’objet dans l’Arte Povera.
Claudio Zambianchi a étudié à l'Université «La Sapienza» de Rome, où il est Professeur en histoire de l'art contemporain. Il a aussi étudié à la Southern Methodist University de Dallas. Ses recherches portent sur l'art anglais, l'art américain, l'art italien après 1945 et l'art français de la seconde moitié du XIXe siècle. Il a écrit pour des catalogues, des magazines, des journaux et des périodiques. Il a aussi enseigné aux Académies des Beaux-Arts de Turin et de Milan. Il est co-directeur de la revue "Piano B". Il fait partie du collège du doctorat en histoire de l'art de Sapienza. Il a codirigé (avec S. Bann, D. Soutif, D. Viva) Giulio Paolini Il passato al presente, Mantova, Corraini, 2016 ; (avec V. Caratozzolo, I. Schiaffini) Irene Brin e la Galleria dell’Obelisco, (Roma, Drago Editore, 2018). Parmi ses travaux récents, des textes consacrés à Fontana, Paolini e Penone.
Programme : Seminaire Repenser l'histoire - Conf L'arte povera et l'objet.pdf